Il existe un lien étroit entre la théorie critique des industries culturelles et une réflexion sur l’américanisation de la culture européenne après la deuxième guerre mondiale et les effets du plan Marshall trop souvent réduite à un anti-américanisme primaire. En 2007 le film Into the Wild de Sean Penn se révèle être un succès hollywoodien inattendu, permettant de redécouvrir une époque des États-Unis et un pan de la culture américaine que les européens ne connaissent pas forcément, notamment la figure d’Henry David Thoreau (1817-1862), essayiste, enseignant, philosophe, naturaliste amateur et poète, incontournable dans son pays notamment pour ses livres : La Désobéissance civile (1849) et Walden ou la vie dans les bois (1854).
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Extrait sur l’américanisme dans l’essai « Aldous Huxley et l’utopie » in Prismes, de T.W. Adorno (1955), p. 80.
La catastrophe européenne [Seconde Guerre mondiale NdE] annoncée par les longues ombres qu’elles projetait, a fait apparaître pour la première fois en Amérique le type de l’intellectuel émigré. […] Au XIXe siècle, quand on allait dans le nouveau monde, on était attiré par les possibilités illimités qui s’y offraient ; on émigrait pour faire fortune ou du moins pour trouver le nécessaire refusés par les pays européens surpeuplés. […] Le scepticisme d’un visiteur tel que Tocqueville, qui percevait déjà il y a cent ans l’aspect de non-liberté dans l’égalité effrénée, restait l’exception ; la rébellion contre ce que les conservateurs allemands appelaient, dans leur jargon, l’américanisme, se fit jour plutôt chez les américains tels que Poe, Emerson et Thoreau que chez les nouveaux venus. Cent ans plus tard, ce ne furent plus des intellectuels isolés qui émigrèrent, mais l’intelligentsia européenne [dont faisait partie Adorno] en tant que couche sociale, nullement limitée aux juifs. Ils ne voulaient pas vivre mieux, mais survivre ; les possibilités n’étaient plus illimitées ; impitoyablement, ils subirent eux aussi le diktat de l’adaptation, la règle de la concurrence économique.
Abréviations
Les références sont données dans le texte, sous forme abrégée pour les œuvres suivantes :
W Walden de Thoreau
NW Henry D Thoreau, Narcisse à Walden de Michel Granger
ITW Into the Wild (Voyage au bout de la solitude) de Jon Krakauer
DC La Désobéissance civile de Thoreau
Contenu
Une partie du patrimoine culturel des États-Unis
Plutôt que l’amour, la gloire, l’argent, la loyauté, la justice, donnez-moi la vérité (W, 333)
Henry D. Thoreau en 1844 et Christopher J. McCandless en 1992, le héros du roman biographique écrit par Jon Krakauer (1997) Voyage au bout de la solitude (Into the Wild), se sont retirés dans la nature pour chercher cette vérité qu’ils ne trouvaient pas dans leur société. En 2007 avec le film de Sean Penn, l’histoire de Christopher McCandess ébranle le monde entier et se révèle être un succès hollywoodien. Into The Wild permet de redécouvrir une époque des États-Unis et une culture américaine, à travers Thoreau que les Européens et le reste du monde ne connaissent pas forcément . Thoreau est un écrivain, penseur, transcendantaliste, incontournable aux États-Unis. Il fait partie intégrante du patrimoine culturel américain et est considéré comme une figure modèle de l’américain, ce qui peut paraître paradoxal car Thoreau rejetait la société américaine de son époque. Ainsi le film de Sean Penn permet en filigrane de voir comment les écrits de Thoreau datant du XIXe siècle ont influencé le voyage de Christopher McCandless au XXe. Mais plus que l’influence du penseur c’est un mode de vie à l’Américaine que McCandless idéalise à travers les écrits de Thoreau, tout comme ce dernier, influencé par le fondateur du mouvement transcendantaliste Ralph Waldo Emerson, idéalisait en son temps la nature. Cette fascination se révèle dans son livre Walden ou la vie dans les bois, qui est le récit de ses deux années passées dans une cabane qu’il a construite de ses propres mains près du lac Walden. Cette entreprise intrigua beaucoup l’entourage et les habitants de Concord, elle provoqua des réactions contrastées, certains comme les transcendantalistes soutenant Thoreau dans son projet tandis que d’autres ne comprenaient pas le but de cette retraite.
Le mouvement transcendantaliste fut créé contre le rationalisme du XVIIIe siècle et révéla la tendance humanitaire de la pensée du XIXe siècle. La doctrine des transcendantalistes se rapproche de celle du romantisme allemand. Ils prônent l’indépendance et l’individualisme tout en conservant une foi en l’unité de l’âme humaine avec Dieu. Ce courant spirituel est principalement localisé dans la ville de Concord, située à 32 km à l’ouest de Boston. Celle bourgade fut le site du « premier accrochage » de la Guerre d’Indépendance. Concord fut la première colonie d’artistes à la campagne qui offrit un choix spirituel et culturel autre que le matérialisme américain. Les penseurs Emerson et Thoreau y cultivaient leur jardin afin de pouvoir vivre en quasi-autosuffisance. Thoreau resta attaché à Concord, sa ville natale, toute sa vie. Son mentor, Emerson s’y installa en 1834. Thoreau construisit sa cabane sur les terres appartenant à Emerson. Ces deux penseurs furent les piliers de cette ville, où l’on pouvait y croiser le romancier Nathaniel Hawthorne, la féministe Margaret Fuller, le pédagogue Bronson Alcott et le poète William Ellery Channing. Ils formèrent le Transcendantal Club en 1836 qui rassembla à différents moments : Emerson, Thoreau, Fuller, Channing, Alcott, Orestes Brownson (un pasteur renommé), Theodore Parker (abolitionniste et pasteur) et plusieurs autres.
Un siècle plus tard, une autre aventure va susciter le même mélange d’admiration et d’incompréhension, que les deux années de Thoreau à Walden, celle de Christopher McCandless, protagoniste dramatique du livre de Jon Krakauer Voyage au bout de la solitude (Into The Wild). Le livre a pour sujet le condensé biographique de l’aventure de Christopher vers l’Alaska, sa vie et sa mort dans la nature sauvage de cette région. Ces deux expériences peuvent sembler similaires en apparence mais beaucoup d’éléments les différencient (dont la mort par empoisonnement de McCandless). Toutefois cette volonté égale de se retirer dans la nature loin de la société et des hommes a un même texte comme genèse : La Désobéissance civile. L’un, Thoreau, l’a écrit et l’autre, McCandless, l’a intégré dans sa vie « à la lettre ». Bien que plus d’un siècle les sépare, une même volonté de liberté les anime, un besoin d’indépendance les rassemble ainsi qu’une passion commune vouée aux livres d’aventures (notamment ceux écrits par Jack London pour Christopher McCandless). Ce qui étonne c’est que ces mêmes désirs de liberté et de rejet de la société se déroulent à deux périodes bien différentes dans l’histoire des États-Unis. Au temps de Thoreau, les États-Unis n’en sont encore qu’à leurs prémisses et la démocratie à ses débuts comme le décrit Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique (1835-1840). Alors que dans les années 1990, les États-Unis sont les grands vainqueurs de la Guerre Froide et unique grande puissance mondiale dont les modèles économiques et sociaux restent seuls survivants. Pourtant il y a des parallèles entre ses deux époques : la guerre et l’avancée technologique. La guerre du Mexique et l’arrivée des chemins de fer marquèrent l’époque de Thoreau, celle de McCandless voit apparaître les débuts d’Internet et la guerre du Golfe.
Bien que le penseur eût une influence significative sur l’aventurier, un siècle plus tard, ils n’ont pas les mêmes vécus ou idéaux, ce qui va concourir à leurs différences d’approche envers leur « retour à la nature » respectifs. Thoreau fut influencé par le romantisme européen et en particulier le romantisme allemand alors que pour McCandless ce fut le fruit de plusieurs mouvements de pensées libertaires. Ainsi les années 1990 subissent surtout l’influence des générations précédentes, ces demandes croissantes de liberté et de volonté de s’affranchir des lois de la société pour « aller jusqu’au bout de nous-mêmes » n’est pas sans rappeler la génération post- Seconde Guerre Mondiale : les beatniks qui ont engendré un auteur célèbre : Jack Kerouac et son livre culte Sur la route. Les beatniks ou la Beat Generation naquit dans les années 1950, les prémisses du mouvement auraient même commencé dès 1944, jusque dans les années 1965. Pierre-Yves Pétillon, professeur d’histoire de la culture américaine à l’Université Paris IV et à l’Ecole Normale, décrit la Beat Generation dans son livre La grand Route comme un mouvement qui…
…tenta de réveiller le corps et l’esprit: voyager sous tous les cieux, boire, se droguer, appeler Dieu ou le rejeter, abolir toutes les conventions, toutes les traditions, partir seul ou à plusieurs, rêver sa solitude, vivre son enthousiasme aussi bien que sa dépression, brûler sa vie jusqu’à se détruire.
Cette description conviendrait à McCandless, hormis l’alcool et la drogue car McCandless prônait une vie saine comme Thoreau.
Influence de Thoreau sur le film de Sean Penn
Lorsque l’on regarde Into the Wild on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec Walden, puis l’on se rend compte, au milieu du film, que ce n’est pas ce livre qui a influencé le départ de McCandless. En effet, Christopher ne commence la lecture de ce livre que pendant son séjour dans le bus 142, où il trouve refuge en Alaska. Cela ne veut pas dire que Thoreau n’est pas à l’origine de ce voyage, c’est précisément son essai intitulé : La Désobéissance civile, qui fut l’élément déclencheur, agissant un peu comme une révélation aux yeux de Christopher, l’invitant à porter un nouveau regard sur la société dans laquelle il vivait.
La désobéissance civile
La Désobéissance civile a été publiée en 1849 alors que l’esclavage a été aboli en 1833 dans l’Empire britannique (1848 pour la France). Cet essai parait trois ans après que Thoreau a passé la nuit dans une prison suite à son refus de payer les impôts qui servaient en partie à financer la Guerre du Mexique. En 1837 Thoreau prononce un discours, lors de la remise de son diplôme de Harvard, on y trouve déjà des idées contre la société et une volonté de désobéir au gouvernement de manière pacifiste. La Désobéissance civile de Thoreau et sa théorie de la résistance passive fondée sur la nécessité morale pour le juste de désobéir aux lois injustes inspirèrent le Mahatma Gandhi dans sa lutte pour l’indépendance de l’Inde, ainsi que le combat de Martin Luther King pour les droits civiques des Noirs américains au XXe siècle.
Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins . (DC, 9)
Cette phrase extraite de La Désobéissance civile est toujours d’actualité aux États-Unis, où la politique la plus dominante réside dans un gouvernement peu interventionniste. Thoreau va jusqu’à souhaiter que le…
…gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout » ; et quand les hommes y seront prêts, tel sera le genre de gouvernement qu’ils auront. (DC, 9)
Thoreau n’est pas en accord avec le gouvernement en place car, selon lui, il ne représente pas le peuple américain dans son ensemble mais aussi parce que
La masse des hommes sert l’État de la sorte, pas en tant qu’hommes, mais comme des machines, avec leurs corps. (DC, 13)
Christopher n’est pas contre le gouvernement à proprement parlé, il ne suit pas une idée politique comme Thoreau, il semble plus s’intéresser au mode de vie décrit par l’écrivain, dans son essai. Et tout d’abord à la notion de pauvreté introduite par Thoreau :
La faculté de vivre diminue en proportion de l’accroissement des prétendus « moyens ». Le mieux qu’un homme puisse faire pour sa culture lorsqu’il est riche, c’est de s’efforcer d’accomplir les projets qu’il avait, pauvre.(DC, 30)
Il insiste sur cette notion de minimiser les dépenses d’argent au maximum et de se contenter de peu d’argent pour vivre. D’ailleurs, le penseur a pratiqué ce mode de vie pendant les deux années qu’il a passé à Walden Pond. McCandless suivra ce principe pendant toute la durée de sa traversée pour rejoindre Fairbanks et lors de la préparation de son expédition sur la Piste Sampede. Cette volonté de limiter les biens matériels correspond à son refus de payer les impôts. Thoreau écrit que si une personne a des biens :
(…) l’État (…) ne tardera pas à prendre et à détruire tous mes biens, à me harasser sans fin moi et mes enfants. (DC, 31)
De plus, le transcendantaliste n’est pas pour la sédentarité permanente, il écrit qu’une location ou un refuge serait plus favorable, car l’État ne pourrait pas être en mesure de le saisir. Il promeut une vie « en autarcie, ne dépendre que de soi, être toujours prêt à lever le camp sans avoir beaucoup à emporter. » (DC, 31). Cette citation est en parfaite adéquation avec la philosophie de vie de Christopher McCandless qu’il a appliquée dès son entrée à l’université. Déjà dans sa chambre d’étudiant, il n’y avait pas beaucoup de mobilier, il s’appliquait à vivre dans l’austérité prônée pas Tolstoï et Thoreau :
Pendant sa dernière année à Atlanta, Chris avait vécu dans une chambre monacale qui ne contenait pour tout meuble qu’un matelas posé sur le sol, des cageots de lait et une table. (ITW, 42)
Le jeune homme s’est déjà habitué depuis plusieurs années à se contenter du minimum de confort pour vivre. On pourrait même rapprocher cette austérité de sa chambre d’étudiant à celle du bus qu’il a rencontré sur la Piste de Sampede. Vivre en accord avec ses principes, ses valeurs, même si elles ne correspondent pas à celles de la société, Thoreau encourage cette initiative dans La Désobéissance civile :
Si une plante ne peut vivre selon sa nature, elle meurt ; et il en va de même pour un homme. (DC, 35)
Plus que des encouragements, Thoreau souhaite qu’il y ait des hommes libres qui puissent aller à l’encontre du gouvernement, ce dernier n’est pas représentatif des citoyens américains, dans son ensemble. Il faut du courage à cet homme pour assumer cet esprit libre qui va à contre-courant des idées du plus grand nombre, idées encouragées par le gouvernement :
Un tout petit- héros, patriotes, martyrs, réformateurs au sens fort, des hommes enfin, servent l’État avec leur conscience aussi et lui résistent nécessairement pour l’essentiel ; et il les traite souvent en ennemis. L’homme sage n’est utile qu’en tant qu’il reste un homme et refusera d’être de la « glaise » ou de « jouer les bouche-trous », et laissera cette mission à sa poussière. (DC, 14)
Cet esprit de résistance au gouvernement se retrouve chez Thomas Jefferson (lettre du 22 février 1787 de Thomas Jefferson en réponse à Abigail Adams Smith, épouse de John Adams, deuxième président des États-Unis après George Washington) :
The spirit of resistance to government is so valuable on certain occasions that I wish it to be always kept alive.(L’esprit de résistance au gouvernement est si précieux en certaines occasions, que j’espère qu’il sera toujours gardé en vie).
Ces propos peuvent apparaître comme paradoxaux car il fut un homme d’État une grande partie de sa vie, accédant le 4 mars 1801 à la fonction de troisième président des États-Unis. Jefferson représente ce que Thoreau combat, bien que les deux hommes se rejoignent sur la défense de la liberté et de la résistance au gouvernement. Cette figure d’un homme libéré de l’emprise des hommes, capable d’aller à l’encontre de la pensée du plus grand nombre, et d’affirmer tout haut son indépendance, se retrouve dans le comportement de Christopher. Selon François Specq, professeur de littérature à l’ENS de Lyon, Thoreau encourageait la désobéissance civile de manière individuelle, il disait qu’un individu plus un individu formerait un groupe d’hommes libres qui inspireraient les autres. C’est donc de manière individuelle que McCandless a vécu son histoire. Il ne se souciait pas de faire comprendre aux autres sa démarche, il avait ses propres raisons, mais il voulait que les autres changent de vie pour être plus heureux. Le but de Christopher n’était pas de rallier tout le monde à sa cause, il ne demanda pas à Jan Burres ou Wayne Westerberg (qui le prennent en stop) de changer de vie, car ils étaient en accord avec leur propre nature. Les deux hommes veulent trouver leur voie et que chacun respecte sa nature profonde. Christopher avait besoin de se prouver sa valeur face à la nature sauvage, et de démontrer qu’il était capable de vivre par lui-même.
Dans la version cinématographique, Sean Penn n’a introduit dans le scénario qu’une seule citation de l’écrivain. Elle est extraite de Walden et non de La Désobéissance Civile. D’ailleurs lorsque l’on regarde attentivement le film, il n’y a pas de référence explicite à ce texte. Sean Penn ne montre pas McCandless comme un disciple des idées d’homme libre auxquelles Thoreau tenait tant et qu’il a repris à son propre compte. McCandless est plus assimilé à la Beat Generation ou aux hippies (Jan Burres et son petit ami Bob se disent issus du mouvement hippie).
Présence des livres dans le film Into The Wild.
Christoper J McCandless, grand lecteur, transportait une dizaine de livres dans son sac à dos, lors de sa traversée du pays pour rejoindre Fairbanks. Cette retraite dans la nature lui donnait plus de temps pour se consacrer à la lecture, qu’il ressent comme un écho de sa propre existence. Ce qu’il lit, les passages de la littérature qui l’inspirent, Christopher va les appliquer à la lettre dans sa propre vie. Cette importance de la littérature dans la vie du jeune homme est mise en valeur dans le roman de Jon Krakauer. Il associe chaque chapitre à un ou plusieurs passages des livres que Christopher a emporté avec lui, par exemple le chapitre 2 « La piste de Stampede » s’ouvre sur un extrait de Croc-blanc de Jack London, le chapitre 3 « Carthage » commence par une citation du Bonheur conjugal de Léon Tolstoï. Le chapitre 1 début avec un extrait de d’une lettre que Christopher a envoyé à Wayne. Par ce biais le journaliste met en parallèle la pensée des écrivains lus par le héros et leur application dans l’existence que Christopher a décidé de mener depuis son diplôme. Cet univers littéraire se retrouve en partie mis à l’écran dans le film de Sean Penn. Nous allons étudier comment le réalisateur a porté à l’écran l’univers littéraire de Christopher et plus particulièrement l’œuvre de Thoreau.
L’œuvre de Thoreau présente dans le film peut apporter des confusions
Sean Penn ne pouvait pas conserver tous les extraits littéraires présents dans le roman de Krakauer, il a donc sélectionné les penseurs qui ont le plus influencé le jeune homme, parmi lesquels on trouve Jack London, Tolstoï et Thoreau. Le film commence par un extrait d’un poème de Lord George Byron (Childe Harold, livret IV, verset 178).
There is pleasure in the pathless woods,
There is rapture on the lonely shore,
There is society where none intrudes,
By the deep sea and the music in its roar;
I love not man the less, but Nature more.(Il y a le plaisir dans les bois sans chemins,
Il y a le ravissement sur le rivage solitaire,
Il y a une société où personne ne s’immisce,
Par la mer profonde et la musique dans son hurlement;
J’aime non pas l’homme moins, mais la Nature plus).
Sean Penn place ainsi son film sous le signe de la poésie, de la nature et de la littérature. Ce qui résume bien le parcours de Christopher, son attrait irrésistible pour la nature, sur un fond d’idéalisme d’un autre âge et de romans d’aventure. Thoreau est très présent dans le film à la fois dans le scénario, McCandless le cite pour exprimer une de ses pensées à Jane et Bob, la sœur de Chris le nomme comme l’un des auteurs qui a le plus influencé son frère et en image, l’œuvre de Thoreau est montrée plusieurs fois à l’écran. Le nom de Thoreau apparaît dès les premières minutes du film, son nom est prononcé par la voix-off de Carine, la jeune sœur de Christopher McCandless dès 19 minutes 57 :
Il aimait lire Tolstoï, Jack London et Thoreau. Il pouvait les citer dans pratiquement toutes les circonstances.
Le jeune homme était tellement imprégné de ses auteurs de prédilection qu’il s’exprimait à travers eux, reprenant leurs écrits à son propre compte. Nous retrouvons un exemple de cette pratique à 29 minutes 48. Jan Burres explique à McCandless que l’on ne peut pas vivre que de littérature et de fruits. À cela le jeune homme répond :
Je répondrais en citant Thoreau : Plutôt que l’amour, la célébrité, la foi, l’argent, plutôt que la justice, donnez-moi la vérité.
Il y a toutefois un problème avec cette citation, car elle n’est pas exacte. La phrase de Thoreau se situe dans la conclusion de Walden :
Plutôt que l’amour, l’argent ou la gloire, donnez moi la vérité. (W, 333)
Un connaisseur de Thoreau ayant lu Walden pourrait penser que le jeune homme s’est trompé en le disant, or à cette étape de son aventure McCandless ne l’a pas encore lu. Il commence sa lecture lors de son 1e séjour dans le bus abandonné. Ce moment est illustré par une scène du film où Chris écrit dans son journal « Starting Walden » à 40 minutes et 52 secondes, alors qu’il manque de riz dans le bus de Fairbanks.
Cette confusion ne commence pas à partir de ce moment-là, elle arrive bien avant, au moment où la voix-off de Carine, à 19 minutes 57, prononce le nom de Thoreau. Le visuel de la tranche d’un recueil de deux écrits de Thoreau apparaît à 20 minutes. Ce recueil englobe les deux textes : Walden et La Désobéissance civile.
Ce recueil porte à confusion car si Christopher a lu La Désobéissance civile avant de partir vers l’Alaska, pourquoi n’avait-il pas lu Walden ? Il apparaît que les deux textes sont réunis dans un même livre, à la vue du titre du recueil, Walden semble précéder La Désobéissance civile dans l’exemplaire présenté. Il aurait paru logique que Christopher lise l’œuvre maîtresse de Thoreau avant son essai. Ce sentiment de confusion est appuyé par la citation inexacte de Thoreau. Les raisons qui ont poussé Sean Penn à faire dire à McCandless une citation déformée de Thoreau ne sont pas explicitées. Peut être voulait-il montrer que Christopher n’avait pas lu Walden mais en avait déjà entendu parler avant ? Ainsi, dans la tête du spectateur qui n’a pas lu le roman de Krakauer, un parallèle peut s’installer entre les deux expériences, surtout pour un américain qui connaît bien les écrits du penseur transcendantaliste. Il est vrai que Christopher désire mettre en pratique les idées de Thoreau sans pour autant émettre la volonté de se rapprocher, ou même de revivre, l’expérience de l’écrivain à Walden. Le jeune homme n’a pas calqué un modèle de vie, il voulait vivre selon sa nature profonde, à la manière décrite par Thoreau :
Si une plante ne peut vivre selon sa nature, elle meurt ; et il en va de même pour un homme. (DC, 35)
Pour Michel Granger, professeur de littérature à l’Université Lyon 2 et François Specq, professeur de littérature à l’ENS de Lyon, Thoreau a plus une influence culturelle qu’intellectuelle sur le héros d’Into the Wild :
Dans le film, ça touche à autre chose, (…) c’est plus de l’ordre du culturel. Thoreau fait partie de la culture américaine. Tout américain est censé connaître le nom de Thoreau et son œuvre principale. Dans le film et dans la culture principale, Thoreau est un homme un peu mystifié, car c’est un homme qui est allé vivre dans sa cabane, dans la nature, celui qui est indépendant, lié à un concept de confiance en soi. 9
Les deux universitaires indiquent que, pour Christopher McCandless, utiliser la pensée de Thoreau permet d’affirmer son identité, de se mettre dans la lignée des penseurs américains car le transcendantaliste est une « figure qui représente l’Amérique ». Ce ne serait donc pas par intérêt intellectuel que Christopher cite Thoreau mais pour suivre un courant de pensée, montrer que même en-dehors de la société, il est quand même américain car il suit les préceptes de Thoreau qui est considéré comme « l’idéal du bon américain ». Cette pensée est partagée par le professeur Katryn Van Spanckeren (Thoreau et le transcendantalisme) :
Les écrivains américains se considéraient souvent comme des explorateurs solitaires, en marge de la société et des conventions. Le héros américain – tel le capitaine Achab de Melville, le Huck Finn de Mark Twain ou l’Arthur Gordon Pym d’Edgar Allan Poe – affronte le danger, voire la mort, à la recherche de la découverte métaphysique de son moi. Pour l’écrivain romantique, rien n’était donné. Les conventions sociales et littéraires représentaient un danger plus qu’un secours.
Cette citation fait référence au travail de Thoreau mais peut s’appliquer à la démarche spirituelle du jeune homme. Au lieu d’écrire des romans sur un héros libre comme les auteurs cités par Van Spanckeren, McCandless voulait vivre cette aventure et pourquoi pas, comme Thoreau, écrire un livre pour partager ses expériences. Il n’a pas pu en avoir l’occasion car il est mort avant la fin de son périple. Cette mort tragique le place finalement comme un héros romantique qui se perd dans la nature pour ne jamais trouver la route du retour. Ce n’est pas qu’il n’a pas voulu reprendre la route, il n’a tout simplement pas pu retrouver la civilisation. L’épopée de cette traversée aurait sans doute été toute autre si elle avait été décrite par ses propres mots, dans une autobiographie. De son vécu, il ne reste que quelques traces comme les lettres et le journal de Chris, mais rien ne remplacera ce qu’il aurait pu dire de ses propres expériences et de ses motivations. Dans leur conférence, Granger et Specq ne placent pas McCandless comme un disciple de la doctrine de Thoreau, qu’ils considèrent comme un vrai philosophe au même titre qu’Emerson. Il nous faut préciser que les deux universitaires se basent sur la version filmique d’Into the Wild où l’influence de l’essai La Désobéissance civile de Thoreau se retrouve plus marquée dans le livre de Krakauer que dans le film de Sean Penn.
Explication de la mise en image
Walden et La Désobéissance civile apparaissent à l’écran à la vingtième minute lorsque Carine McCandless énumère les influences littéraires de son grand frère. Une dizaine de livres sont empilés les uns au-dessus des autres, dans un sac plastique. Dans le même temps, Christopher prépare son voyage en coupant toutes ses cartes de crédits, cartes d’identités, distribuant son argent à des œuvres de charité… Ces livres emballés sont ceux que le jeune homme va emporter avec lui le long de sa route vers l’Alaska. Ils vont aussi le suivre dans son périple dans la nature, où ils deviendront ses compagnons de vie. Le sac plastique qui les protège indique bien que McCandless est sur le point de partir. Ces livres ont donc été bien soigneusement sélectionnés afin d’apporter au héros la nourriture intellectuelle dont il pense qu’il aura besoin. La première partie de son aventure, le temps passé sur la route, ne lui laissera que peu de temps pour la réflexion. L’univers du livre ne le quitte pas quand il est avec le couple Jan Burres et Bob, on le voit lire dans sa tente à la lueur du feu, puis près de la mer. Il vient de rencontrer le couple nomade. Suivra une autre scène qui présente le jeune héros en train de vendre des livres devant la caravane de Jan et Bob, tout en conseillant la lecture de certains à des acheteurs. Ainsi il n’y a pas que le recueil de Thoreau qui s’illustre à l’écran, Jack London et Tolstoï ont aussi leur place. L’œuvre maîtresse de Thoreau se voit mise en avant lors de la scène de la retraite de Christopher dans le « bus magique ». Pour la première fois, Walden apparaît à l’écran. Le jeune homme commence son journal de bord, qui ne peut être qualifié de journal intime car il n’y inscrit pas vraiment ses pensées, ses sentiments, il réduit son écriture au minimum, contrairement à celui de Thoreau. De plus les dates sont rigoureusement inscrites et parfois ne contiennent que quelques mots comme « Warning Rice » ou autre. L’écriture est minimaliste car McCandless ne cherche pas à développer les raisons d’une telle retraite. Il préfère la vivre, comprendre et survivre. Christopher aurait pu raconter ses aventures dans un livre, après son retour dans la société, il est mort sans doute avant d’avoir pu commencer à y penser. Jon Krakauer indique toutefois que McCandless n’aurait pas pu faire un bon écrivain car le peu de passages contenus dans son journal ne sont pas d’une très bonne qualité littéraire. Il préfère toujours lire plutôt qu’écrire. Lorsque Walden apparaît, l’atmosphère de la scène se fait sentir plus pesante ; le jeune homme, très amaigri par son séjour, est bientôt en manque de riz. Avant de marquer qu’il débute le livre, Chris inscrit qu’il a subi plusieurs jours de famine. Dans ce moment de détresse, le jeune homme se tourne vers Thoreau. Plus qu’une nourriture terrestre, c’est la nourriture spirituelle qui l’aide, ou à laquelle il se raccroche, dans ces moments-là. Vers la fin du film, les paroles de Jan Burres deviennent presque prophétiques : « On ne peut pas vivre d’eau et de papier ».
Avant de prendre le chemin vers le Mexique en Canoë Kayak, Christopher enterre ses livres, parmi eux, Walden et la Désobéissance Civile, dont le visuel de la couverture apparaît à l’écran. Le spectateur peut facilement passer à côté de la compréhension de l’acte du jeune homme . En effet, dans le livre, Jon Krakauer expliquait que McCandless enterrait toujours ses objets de valeurs dans la terre ou le sable à l’entrée de la ville dans laquelle il allait séjourner. Il avait acquis ce réflexe à force de vivre dans la rue, cela lui permettait de ne pas se faire dépouiller durant les nuits. Lorsqu’il avait fini de faire ce qu’il voulait dans une ville, il repartait déterrer ses affaires. La séquence du film diffère un peu de cette habitude car Chris enterre ses objets dans la nature avant de partir pour le Mexique. On ne le verra pas retourner à cet endroit pour venir les déterrer, ou peut être l’aura-t-il fait avant de prendre le large ? Le fait de conserver ses livres dans un sac plastique lui permet de les garder à l’abri de l’humidité, des intempéries et de l’eau lors de la traversée de la rivière. Ce faisant, il peut aisément débuter ou en poursuivre la lecture dans l’autobus de Fairbanks. Ses lectures l’amènent à la réflexion suivante :
Happiness is only real when shared (le bonheur n’existe vraiment que s’il est partagé).
Il a fallu au jeune homme, deux ans de route, des dizaines de rencontres, des semaines d’isolement dans la nature sauvage, pour comprendre que les moments qu’il a vécu avec tous ces gens étaient des instants de bonheur. Cette pensée fut l’aboutissement de la vérité absolue que McCandless cherchait à atteindre. À la fin du film, Christopher se retrouve parmi les siens dans un moment d’hallucination, comme s’il pardonnait à sa famille de lui avoir menti. Il avait trouvé sa vérité, sa liberté vis à vis de sa famille, de ses parents, et notamment de son père Walt, qu’il admirait. Enfin apaisé, il pouvait revenir chez lui, il retrouvé lui-même, il n’avait plus besoin de pseudonyme, il décida d’abandonner son nom de voyage, Alexander Supertramp, et de redevenir lui-même : « Appelez chaque chose par son vrai nom», dit Christopher Johnson McCandless à la fin du film.
Les idées de Thoreau ont donc bien inspiré McCandless y puisant son projet de vivre dans la nature, loin de tout, plus proche de lui-même. Mais le jeune homme n’a pas pris de distance critique vis-à-vis des textes qu’il lisait. Il a appliqué à la lettre les préceptes dans sa vie sans se poser de questions sur les circonstances de l’écriture de ces textes. De même, à trop vouloir prendre du recul avec la société dans laquelle il vivait et dont il ne se sentait pas en harmonie avec les valeurs, McCandless n’aura jamais trouvé la bonne distance intellectuelle à l’endroit des conditions de sa retraite.
McCandless/Thoreau : deux postures critiques
McCandless dans sa quête d’une nature sauvage qui le mettrait à l’épreuve n’aurait donc pas pris assez de distance par rapport à ses auteurs favoris. Il n’a pas cherché à savoir dans quel contexte ces livres qui l’ont forgé, influencé, ont été écrits.
Pour Michel Granger et François Specq, Christopher McCandless cherchait plus en Thoreau un maître spirituel et une lignée de penseurs qui permettrait de légitimer sa quête de solitude, plutôt qu’un réel lien intellectuel même si les deux universitaires basent leurs propos sur la version filmique. Or nous avons déjà insisté sur le fait que la version filmique ne montre pas en profondeur l’influence intellectuelle qu’a eu La Désobéissance civile sur Christopher dans la réalité biographique relaté par le livre.
Une influence intellectuelle et culturelle
La question de l’influence de Thoreau sur la décision du retour vers la nature de McCandless reste pourtant une véritable interrogation. Un des spectateurs de la conférence sur Thoreau à la Bibliothèque municipale de Lyon la pose à François Specq qui lui répond : « C’est un homme qui a lu quelques citations et qu’il a appliqué à la lettre. ». Au vue de cette réponse, nous pouvons faire l’hypothèse que le professeur n’a pas lu le livre de Jon Krakauer. En effet, si l’on ne s’en tient qu’à la version filmique, il est vrai que Sean Penn ne met pas en valeur le lien entre le transcendantaliste et le jeune homme. Nous avons analysé la mise en image par le réalisateur américain, le livre n’y est pas très présent et la seule référence littéraire est une citation de Walden. De plus, comme nous l’avons déjà souligné, la citation de Thoreau que McCandless récite n’est pas exacte. Cela peut en effet renvoyer une image d’un jeune homme qui ne maîtrise pas l’œuvre du penseur, ce qui nous apparaît être inexact. Certes Christopher n’a pas lu Walden avant de partir pour Fairbanks mais il a bien intégré tout ce que Thoreau a revendiqué dans son essai qui prône la résistance au gouvernement. Ce qui nous amène à la deuxième partie de la réflexion de Specq : « (…) il a appliqué à la lettre. ». Il est vrai que Christopher n’a pas mis de distance entre son interprétation du texte et sa façon de vivre son expédition. Michel Granger fait la même remarque que son co-conférencier, lors d’une émission de France Culture sur Thoreau dans le cadre d’une semaine basée sur le thème de la solitude. Ainsi le problème de McCandless n’est pas d’avoir mal lu Thoreau mais de ne pas avoir eu de recul critique et intellectuel vis-à-vis de son essai. Les idées de Thoreau lui ont été inspiratrices, mais au lieu de les avoir appliqué à sa manière dans sa vie quotidienne, il les a intégrées telles quelles à son époque et dans un autre contexte. Incidemment, François Specq met en garde les auditeurs de la conférence de ne pas prendre tout ce que dit Thoreau à la lettre, contrairement au héros du film.
Appliquant à la lettre l’un des principes de Thoreau qui est de n’acheter que le strict nécessaire à sa survie, Christopher tient a ne pas dépenser d’argent pour le transport. Pour arriver jusqu’à son lieu de retraite il marche, fait du stop ou utilise un kayac. Il a même réussi l’exploit de traîner son kayac dans le désert pour rejoindre le Mexique. La marche n’a donc pas le même symbole pour le jeune homme que pour le philosophe. Elle lui sert à s’approcher de son but, non pour penser et philosopher à la manière de Rousseau. Michel Granger dans son livre Henry D. Thoreau, Narcisse à Walden rapproche les promenades de Thoreau dans la nature à celles du philosophe français. Il était peut-être plus facile pour le transcendantaliste de s’isoler sur le terrain d’Emerson, se recréer une vie autonome dans les bois mais assez proche de Concord, donc d’autrui, « L’isolement temporaire vis à vis de la famille et du village vise à obtenir une protection qui consiste à s’exclure soi-même du champ du désir d’autrui. » (NW, 28). McCanless, lui, s’est trop éloigné et volontairement coupé de la civilisation pour pouvoir obtenir de l’aide lorsqu’il était en difficulté. Cet isolement lui coûtera la vie. Cette volonté de rompre tout lien avec l’extérieur joue en faveur d’une mauvaise compréhension, voire même d’un « contresens des écrits du philosophe de Concord » selon Michel Granger. Si La Désobéissance civile a incité le jeune diplômé Christopher à faire de la résistance contre le gouvernement, si tout comme son mentor, il a voulu se rebeller contre une société prônant des valeurs trop matérialistes, il l’a fait d’une manière violente, au péril de sa vie et il en est mort, ce qui n’est pas sans rappeler le destin du héros des tragédies antiques.
RÉFÉRENCES
Livres :
Walden, Thoreau édition, Le mot et le reste, 2010
La Désobéissance Civile, Thoreau, Mille et une nuits, 2012
Voyage au bout de la solitude (Into the Wild), Jon Krakauer, Poche, 2008
Henry D Thoreau, Narcisse à Walden, Michel Granger, PUL, 1991
Henry David Thoreau et Ralph Waldo Emerson, Correspondance, Editions du Sandre, 2013
La grand Route – espace et écriture en Amérique, Pierre-Yves Pétillon, Seuil, 1979
The Senses of Walden : An Expanded Edition, Stanley Cavell, University of Chicago Press, mars 1992
Articles :
« Thoreau et le transcendantalisme », Kathryn Van Spanckeren
« Ralph Waldo Emerson et le transcendantalisme américain », Marc Bellot, La Clé des Langues (Lyon: ENS LYON/DGESCO), 2008
« Morale et politique dans « Resistance to Civil Government »( La désobéissance civile) », Michel Granger, La Clé des Langues (Lyon: ENS LYON/DGESCO), 2008
« Penn », Scott Raab, Esquire, 14/08/2007
« Thoreau ou la vie sauvage », Gilles Heuré, Télérama, 6/08/2011
« Emerson sous le signe de Thoreau », Mathieu Lindon, Libération, 21/01/2010
« L’idée d’un retour à la nature a-t-elle un sens pour l’homme ? », Frédéric Grolleau, 17/07/2012
« Into the Wild : la Nature, ce n’est pas du cinéma ! », Pierre Floquet, Mise au Point
Sources audiovisuelles :
Into the wild, Sean Penn, 2007
La Solitude 4/4: Walden, Henry David Thoreau., Les Nouveaux chemins de la connaissance, France Culture.
Henry David Thoreau (1817-1862), Michel Granger et François Specq, à la Bibliothèque municipale de Lyon, 29/01/2008
LUCCHESI Mélodie, « L’influence de Henry D. Thoreau sur le film Into The Wild – Mélodie LUCCHESI », Articles [En ligne], Web-revue des industries culturelles et numériques, 2013, mis en ligne le 1er octobre 2013. URL : https://industrie-culturelle.fr/industrie-culturelle/influence-henry-thoreau-film-into-the-wild/
Ce « retour aux sources » à la sauce Américaine me fait beaucoup penser au mythe du bon sauvage initié par Rousseau.